Throughout the film, the interviews are interrupted by « feminist interludes », during which texts written by activist and scholars who lived in different times are recited by contemporary women.
These women embody the transforming power of feminist struggles. As their voices resonate with the men’s, they lay bare the repercussions of the struggles on masculinities
Opening : Valerie SOLANAS - SCUM Manifesto (1967)
1/ Yesterday
• Gisèle HALIMI - The liberty of liberties (1979) : Reproductive rights
• Emma GOLDMANN - The tragedy of woman’s emancipation (1906) : Women at work
• Annie LECLERC - A woman’s words (1974) : Household chores
• Susan MOLLER OKIN - Justice, Gender, and the Family (1989) : Being a family
• Betty FRIEDAN - The Féminine Mystique (1964) : Raising children
2/ Today
• Iris Marion YOUNG - Throwing like a Girl (1980) : Ordinary sexism
• Susan BORDO - Unbearable Weight (1993): Women’s appearance
• Colette GUILLAUMIN - The Appropriation of Women (1978) : Sexuel violence
• Gloria STEINEM - Erotica and Pornography (1977) : Sexuality and pornography
• Andrea DWORKIN - Intercourse (1987) : The male orgasm
• Camille FROIDEVAUX-METTERIE - The Intimate Revolution (2018) : The female pleasure
3/ Tomorrow
• Virginie DESPENTES - King-Kong Theory (2006) : Their own bodies
• Simone de BEAUVOIR - The Second Sex (1949) : what is a man?
• Emmanuel BEAUBATIE - Trans People among Feminists (2020) : The end of the gender binary
• Judith BUTLER - Gender Trouble (1990) : Gender convergence
• bell HOOKS - Feminism is for Everybody (1968) : Becoming a feminist
Livret d'accompagnement
pour la série en 12 épisodes
à destination des conseiller.e.s pénitentiaires
d'insertion et de probation
Épisode 2 : À la maison
Le partage genré du monde : privé-féminin / public-masculin
Depuis qu’Aristote les a définies par leur seule fonction maternelle, les femmes sont considérées comme devant d’abord et avant tout s’occuper de leur foyer : nourrir, habiller et élever les enfants, ranger et nettoyer la maison, faire les courses et cuisiner pour toute la famille. Ce partage entre un domaine privé-domestique-féminin et un domaine public-social-masculin a traversé toute l'histoire jusqu'à nous. Il fonde une hiérarchie, les activités masculines étant considérées comme supérieures aux activités féminines. C’est ce qu’on appelle la division sexuée du travail.
Ce n’est pas parce que les femmes travaillent désormais autant que les hommes que ces charges se sont allégées, bien au contraire. Encore aujourd’hui, elles assument l’essentiel du travail ménager et parental. Cette gestion inégalitaire de la vie familiale au sein du couple implique que les femmes subissent une charge mentale importante.
Femmes et hommes restent ainsi enfermés dans des stéréotypes de genre qui leur imposent d’obéir à des rôles déterminés qui attendent des femmes qu’elles se dévouent à leur famille et restent « à l’intérieur », quand les hommes sont encouragés à travailler et jouissent de la liberté d’explorer le monde « extérieur ».
Notions-clés
Division sexuée du travail : aux femmes la procréation, le soin aux enfants et la soumission au chef de famille, aux hommes la création, le travail et l’autorité familiale.
Charge mentale : renvoie à l’effort quotidien de gestion, d’organisation et d’anticipation de la vie de tous les membres de la famille. Ce sont les femmes qui doivent « penser à… » : prendre rdv chez le pédiatre, payer la cantine scolaire, racheter de la lessive, inscrire aux activités extra-scolaires, rappeler à leur partenaire de faire une course, acheter les cadeaux pour la belle-famille, réserver des billets de train, etc.
Stéréotypes de genre : ensemble de représentations et de préjugés imposant aux femmes et aux hommes de correspondre à des valeurs et des comportements soi-disant féminins ou masculins. On attend d’elles qu’elles soient calme, douces, attentives aux autres, on attend d’eux qu’ils soient énergiques, courageux, doué de l’esprit de compétition. On trouve normal qu’elles pleurent, qu’elles aient peur, qu’elles soient maladroites. On trouve normal qu’ils se mettent en colère, qu’ils se battent, qu’ils aient de moins bons résultats scolaires.
Quelques chiffres
- 60% des enfants âgés de 8 à 16 ans font le constat que c’est leur mère qui fait le plus de choses à la maison (étude Ipsos 2018).
- 80 % des femmes consacrent au moins une heure par jour à la cuisine ou au ménage contre seulement 36 % des hommes (Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, 2016)
- Les femmes passent en moyenne chaque jour 3 heures aux tâches domestiques quand les hommes y consacrent 1h45. Les mères consacrent 1h30 par jour aux tâches parentales, les pères 40 minutes (Observatoire des inégalités 2023).
- 65% des femmes âgées de 15 à 24 ans déclarent avoir reçu des jouets "féminins" contre 33% des joutes "masculins" ; 80% des hommes de 15-24 ans ont reçu des jouets "masculins", contre 19% des jouets "féminins" (Rapport Haut Conseil à l'Égalité 2024).
Citations extraites du film à commenter ensemble
«J’ai grandit dans un milieu où c'était la femme qui s'occupait de la tâche ménagère et le garçon qui allait travailler et qui allait ramener à manger quoi. (...) On me l'a pas appris quand j'étais petit.»
«Je pense que je suis vraiment là-dessus l'héritier de mon père et j'ai beau lutter contre ce travers, même si je fais de temps en temps les courses je ne peux pas dire que…. Non je ne faisais rien de particulier.»
«Parce que pour moi c’est pas un travail que d'être à la maison même si c'est du travail que de tenir une maison… Pour moi c’est plus un agrément, c’est agréable.»
Travailler en groupe
Autour de la mise en scène :
- Le cadre est assez large, de façon à voir le corps et les mains, et la caméra est fixe. Pourquoi le réalisateur a-t-il choisi de filmer ainsi les participants ?
- Ces hommes vous paraissent-ils sincères ? Leurs silences ou leurs malaises nous racontent-ils aussi quelque chose ? Ces témoignages auraient-ils le même sens s'ils avaient été seulement sonores (dans un podcast par exemple) ?
- Pourquoi selon vous le réalisateur parle de son film comme « un film-miroir qui permet à chacun.e de se situer sur le féministomètre » ?
(Le féministomètre est une invention de Laurent Metterie inspirée par le violentomètre. C'est une échelle des comportements du plus viriliste au plus féministe)
Réfléchir sur le thème de la vie domestique et familiale :
Les inégalités dans l’activité des femmes et des hommes :
- Est-ce que leurs mères avaient une activité professionnelle, un travail rémunéré, en-dehors de la maison ? Et leurs femmes/compagnes ?
- Qui s’occupe du ménage à la maison ? Votre mère ? Votre femme ? Votre père ? Et des courses ?
Et des lessives ?
- Les hommes font-ils aussi bien la cuisine que les femmes ? Pourquoi ?
- Aux hommes, puis aux femmes, de la classe : que faites-vous à la maison ?
- Doit-on dire que les hommes aident leurs mères/femmes ? Ou plutôt qu'ils assument, comme elles, les obligations liées à une vie de famille (ménage, courses, lessives, soin aux enfants) ?
- Comment pourrait-on faire pour que les hommes participent davantage aux tâches domestiques et parentales ?
Les stéréotypes de genre :
- On dit des femmes qu’elles sont…
(faibles, peureuses, douces, bavardes, timides, gentilles, jolies, sages, etc.)
- On dit des hommes qu’ils sont…
(forts, courageux, brutaux, silencieux, durs, turbulents, etc.)
- Que font les femmes très souvent ?
(elles pleurent, elles tombent, elles médisent, etc.)
- Et les hommes ?
(ils crient, ils courent, ils frappent, etc.)
- Est-ce que c’est normal pour un garçon de pleurer ? Pourquoi les hommes ne parlent-ils pas de leurs sentiments et de leurs émotions ? Pourquoi les femmes le font plus facilement ?
Épisode 5 : L'apparence
De quoi parle-t-on ?
Durant les années collèges, filles et garçons traversent les étapes de la puberté.
Leurs corps se transforment en se sexuant. Cette sexuation est synonyme, pour les filles spécifiquement, de sexualisation. Elles se trouvent alors soudainement placées sous les regards qui objectivent leur corps, le réduisant à sa nouvelle fonction sexuelle.
Mais ce sont aussi des années durant lesquelles l’apparence devient centrale dans la définition de soi. La plus ou moins grande conformité à la mode et aux normes de beauté trace des lignes qui séparent celles et ceux qui sont « stylé·es » et « populaires » de tous les autres. Les réseaux sociaux prescrivent les normes dominantes et diffusent où l’idéologie mensongère selon laquelle toute personne peut devenir « la meilleure version de soi-même » et souscrire aux idéaux esthétiques.
Des notions-clés
Sexuation/sexualisation : l’apparition des marqueurs de la sexuation se produit différemment pour les filles que pour les garçons. Chez elles, elle est immédiatement visible (les seins poussent, les formes s’arrondissent, les règles surviennent), chez eux, elle se fait plus discrète (les poils prolifèrent, mais sous les vêtements, les testicules se développent « en secret », seule la mue de la voix indique peut-être le changement d’état). Pour les filles, cela s’accompagne d’une immédiate sexualisation, c’est-à-dire d’un changement du regard porté sur elles qui les considère désormais comme des corps sexuels « disponibles ». Le fait que la majorité sexuelle soit fixée à 15 ans témoigne de cette précoce assignation à la disponibilité sexuelle. Les garçons ne subissent rien de tel.
Pédocriminalité : les personnes qui ont une attirance sexuelle pour les enfants et les adolescent·es ne sont pas des « pédophiles » (qui aiment les enfants), mais de potentiels «pédocriminels».
Quelques chiffres
Chaque années 165 000 mineur·es de moins de 15 ans subissent une agression sexuelle ou un viol [pour la distinction, voir le livret « Violences »].
Tout comportement en lien avec l’activité sexuelle qui concerne un mineur de moins de 15 ans est automatiquement classé comme une agression sexuelle. Les peines peuvent aller jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.
Si l’auteur de l’agression et la victime ont été mises en contact par Internet, cela constitue un élément aggravant, avec des peines plus importantes.
Citations
" A travers la discipline exigeante et normalisatrice de la diète du maquillage ou de l'habillement nous continuons de mémoriser sur nos corps le sentiment et la
conviction du manque de l'insuffisance, de n'être jamais assez bien. "
(Susan Bordo - 1993)
" J’ai des copines qui étaient a priori très belles… mais qui était très moches parce qu’elles étaient jamais assez belles. Elles se voyaient pas belles. Et ça c'est terrible comment ça abîme... Par contre, j'ai des copines qui étaient absolument libres de ce qu’elles sont mais là c'est d'une beauté…"
" On attire pas l'attention des gens comme ça... Maintenant dans la rue on voit des
femmes carrément habillées… presqu’en culotte… On voit tout quoi… Un homme ça reste toujours un homme. "
La liberté de s’habiller comme on veut
Pensez-vous que certains vêtements devraient être interdits dans l'espace public ?
Lesquels et pourquoi ?
Pourquoi les femmes devraient-elles cacher certaines parties de leur corps ? Le problème n’est-il pas plutôt celui du regard qui se pose sur elles ?
Pensez-vous que les hommes peuvent porter des jupes ? Et se mettre du vernis à ongles ? Pourquoi cela vous choque ?
La pression de la « belle apparence »
Quelles sont les personnes qui vous inspirent au niveau de leur apparence ? Qu’est-ce que vous aimez chez elles ?
Pourquoi les femmes peuvent-elles parfois ressentir une pression à paraître belle ? D’où vient-elle ? Et vous les hommes, ressentez-vous une pression sur votre apparence, à être musclé par exemple ?
Quelle importance a pour vous votre apparence ? (sur une échelle de 1 à 10)
Est-ce qu’on se coiffe et qu’on s’habille pour les autres ou pour soi ?
Est-ce que vous vous comparez souvent aux autres ?
Ressources
Christine Van Geen, Allumeuses. Genèse d’un mythe, Paris, Seuil, 2024.
Camille Froidevaux-Metterie, Seins. En quête d’une libération, Paris, Anamosa, 2018 (Points 2022).
Épisode 11 : Le genre
De quoi parle-t-on ?
Être femme ou homme, cela passe d’abord par le physique et des processus physiologiques spécifiques. Chez les femmes, les règles sont le marqueur de leur condition féminine : elles disent mensuellement qu’elles sont en capacité de procréer. Mais les règles restent négativement connotées, on les associe communément à la souillure et à l’impureté, on impose de les dissimuler et de les taire. Cela génère souvent chez les femmes un sentiment de honte et chez les homme des réticences à en parler.
Être femme ou homme, c’est aussi un fait culturel et socialement construit. Au cours de la socialisation genrée, les enfants apprennent à adopter les comportements conformes à ce que la société identifie comme féminin ou masculin. C’est ce que recouvre la notion de genre. Ce que cela implique, pour les enfants et les adolescent·es, c’est un ensemble d’attentes et même d’injonctions relatives à leur apparence et à leurs comportements. Quand les codes genrés sont survalorisés, comme c’est le cas à l’adolescence, ils se transforment en modèles caricaturaux, virilité d’un côté, féminité hyper sexualisée de l’autre. Ce peut être alors difficile pour les femmes et les hommes d’y souscrire
Des notions-clés
Genre : renvoie au processus par lequel un enfant né de sexe féminin ou masculin devient femme ou homme par l’apprentissage et l’intériorisation des comportements et modes de pensée associés à son sexe de naissance. La notion désigne une construction sociale et implique donc que l’on puisse déconstruire les codes genrés.
Virilité : ensemble de normes définissant une version caricaturale du masculin. Valorisation de la force jusqu’à encourager la violence, exigence de la performance jusqu’à nier les faiblesses, exaltation de la conquête jusqu’à valider la domination.
Féminité : ensemble de normes définissant une version caricaturale du féminin. Valorisation de la beauté jusqu’à en faire une obsession quotidienne, minoration de l’accomplissement social jusqu’à prescrire l’idéal domestique, exigence de disponibilité sexuelle jusqu’à nier le consentement.
Quelques chiffres
70% des hommes pensent qu’un homme doit assurer la sécurité financière de sa famille pour être respecté (mais aussi 63% des femmes), 31% pensent qu’il faut savoir se battre.
78% des femmes pensent que, pour correspondre à ce qu’on attend d’elles, il faut qu’elles soient sérieuses, et 60% qu’elles soient discrètes.
58% des jeunes femmes de 25-34 ans pensent qu’une femme doit faire passer sa famille avant sa carrière professionnelle (contre 46% pour la moyenne des femmes).
58% des femmes ont déjà renoncé à faire des activités seules, 44% font attention à ne pas parler trop fort, 43% ont censuré leurs propos par crainte de la réaction des hommes.
Dans les vidéos accessibles sur les plateformes (YouTube, Instagram et TikTok), les personnages principaux masculins sont surreprésentés (84%) et se montrent plus actifs (82%) que les personnages principaux féminins (53%) qui sont moins actifs (53%) et souvent représentés dans un cadre domestique.
92% des vidéos présentent des éléments physiques stéréotypés pour les personnages féminins (robes, motifs fleuris, paillettes, bijoux, etc.) et masculins (habits unis, cheveux courts, muscles, uniformes, etc.).
Citations
« Xxxxxxxxxxxxxxxxx ».
Atelier
Repérer le féminin et le masculin :
Quels sont les signaux physiques qui montrent qu’une personne est une femme ?
Un homme ?
Quels types de comportements sont typiques des hommes dans l’espace public ? (parler fort, se bagarrer, prendre de la place dans l’espace, comme écarter les jambes dans les transports en commun)
Qu’est-ce que ces comportements disent de ce que c’est d’être un homme ?
Comment les femmes doivent-elles se comporter en public ? (être discrète, contenir leurs gestes, marcher vite)
Déconstruire les activités genrés :
Quels sont les sports typiquement masculins ? Et typiquement féminins ?
Est-ce que l’on peut imaginer des femmes faire du rugby ou de la boxe et des hommes de la danse classique ou de la natation synchronisée ?
À quels jeux vidéos jouent les hommes ? Et les femmes ? Que pensez-vous des différences dans les contenus et les histoires racontées ?
Ressources
Podcast Les couilles sur la table, épisode n° 87, « Dans la tête des ados » https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/dans-la-tete-des-ados